Il sera effectif à partir de septembre, Un BEP en guise de bac professionnel
Le Brevet d’enseignement professionnel remplacera le bac technique sanctionnant l’enseignement technique dispensé par le passé dans des lycées techniques.
Après une gestation de plus de seize ans, le bac professionnel a fini par venir au monde éducatif et d’enseignement national. Ce nouveau-né est désormais consacré par un texte de loi. L’annonce de sa création remonte à l’an 2000. Il faisait partie des projets des réformes initiées au début du premier mandat du président Abdelaziz Bouteflika. En effet, le décret portant création de ce nouveau diplôme national a été publié au Journal officiel n°44. Lequel diplôme viendra récompenser des études suivies dans l’enseignement professionnel. Il est question donc du décret exécutif n°17-212 du 20 juillet 2017, qui fixe les modalités des diplômes sanctionnant les cycles de l’enseignement professionnel. Ce nouveau diplôme national, bac professionnel sous sa nouvelle formule, est inscrit dans la grille nationale des qualifications, sous l’appellation Brevet d’enseignement professionnel (BEP) et Brevet d’enseignement professionnel supérieur (BEPS). Bien qu’inscrit dans le chantier des réformes du système éducatif, la trajectoire de l’itinéraire de ce nouveau bac a été marquée par beaucoup de haltes techniques et même juridiques, et ce, depuis le lancement de l’idée qui a fait l’objet d’un large consensus jusqu’à son aboutissement aujourd’hui en passant par le décret de septembre 2008 qui avait consacré la création du diplôme d’enseignement professionnel du premier degré et du second degré (DEP 1 et 2). Signalons au passage que les DEP 1 et 2, lancés en 2008 du temps d’El-Hadi Khaldi ont prouvé leurs limites, puisque l’engouement n’était pas au rendez-vous.
L’aboutissement aujourd’hui du BEP est intervenu après un travail de longue haleine en commission entre des experts de l’éducation nationale, de l’enseignement professionnel et des représentants de la Fonction publique. Le Brevet d’enseignement professionnel (BEP), sera effectif à partir de ce septembre. Le ministre de l’Enseignement et de la Formation professionnels, M. Mebarki Mohamed nous a précisé que “ce nouveau diplôme national n’a rien à envier au bac classique, aussi bien en termes de droits que d’avantages. Les cycles de l’enseignement professionnel remplacent, pour ainsi simplifier les choses, ceux de l’enseignement technique dispensés par le passé dans les lycées techniques et sanctionnés par le bac technique”.
Le bac professionnel concerne les collégiens admis au lycée
En fait, l’instauration de l’enseignement professionnel version Mohamed Mebarki ne s’adresse aucunement aux recalés du système éducatif, puis qu’il recrute dans la population des admis au cycle secondaire et des lycéens de 1re année secondaire qui ont été réorientés en raison de leur profil et leur penchant vers les filières techniques et technologiques. Le BEP battra, du coup, en brèche les idées reçues sur le secteur de la formation professionnelle.
C’est dire que le récipiendaire du brevet en question aura la même notoriété le même statut et la même considération que le bachelier dans la société, puis qu’il bénéficie des mêmes droits et des mêmes avantages au même titre que le reçu au baccalauréat. En un mot, le bac professionnel version Mebarki n’est pas un diplôme au rabais, il est plutôt un autre moyen pédagogique permettant d’aller à l’université ou aux instituts supérieurs.
Le représentant du gouvernement insistera sur sa lancée sur “l’originalité de ce nouveau diplôme qui vient diversifier et enrichir l’espace éducatif national. Le Brevet d’enseignement professionnel constitue une filière d'excellence et de seconde chance pour des élèves qui ont déjà rejoint le lycée. À la faveur de ce nouvel enseignement, l’ex-collégien reçu découvrira sa véritable vocation. Le titulaire du BEP a les mêmes chances de réussir sa vie sociale et sa vie professionnelle que le bachelier”. Troquant son costume de ministre pour sa blouse de maître de conférences, M. Mebarki s’est prêté volontairement à nos questions pour nous présenter, dans le détail, la teneur pédagogique et scientifique du nouveau cursus. “Nous avons travaillé d’arrache-pied pour élaborer la nouvelle architecture des diplômes d’enseignement professionnel qui a rendu le BEP plus attractif, et ce, en jetant des passerelles avec l’enseignement supérieur dans le prolongement des spécialités suivies. Les cycles d’enseignement dans ce nouveau système sont préparés en mode présentiel, c'est-à-dire en résidentiel dans des instituts publics d’enseignement professionnel qui existent déjà. Le brevet en question est classé au niveau IV, catégorie 8 dans la grille nationale des qualifications. La durée du premier cycle d’enseignement du BEP s’aligne sur le nombre d’années du secondaire, après trois années de cursus, l’étudiant obtiendra son BEP. Classé au niveau V, catégorie 10, le BEPS, quant à lui, se prépare en deux années dans le prolongement du premier Brevet”.
Autrement dit, le récipiendaire du BEPS est classé au même niveau qu’un titulaire du diplôme de technicien supérieur. Abordant les modules qui seront dispensés et l’encadrement pédagogique nécessaire, le promoteur de ce nouveau bac a insisté sur la rationalisation, la gestion rationnelle des moyens dont dispose le secteur. “Le BEP sera lancé et généralisé progressivement dans les infrastructures qui existent avec les enseignants qui exercent déjà dans les instituts d’enseignement professionnel. Les cursus prévus engloberont des enseignements scientifiques, technologiques et qualifiants. Les modules scientifiques et technologiques visent l’acquisition de la culture scientifique qui permet de poursuivre les formations pour l’obtention de qualifications supérieures. L’on vise également à travers les enseignements dit qualifiants à acquérir des compétences professionnelles nécessaires à l’exercice d’un métier”.
L’orientation se fera par motivation
et non pas par l’échec
Ce nouveau diplôme ne risque-t-il pas de subir le même sort le DEP lancé par El-Hadi Khaldi en 2008 ? M. Mebarki qui a pris les destinées de ce secteur en 2012 après un intermède de deux années au département de l’Enseignement supérieur, rappellera que le bac professionnel sous sa nouvelle version, BEP, promet la réussite sociale du récipiendaire. “L’orientation vers l’enseignement professionnel se fera au niveau de la base, et concernera les collégiens reçus, donc par motivation et non pas par l’échec”.
Devant prendre en charge les profils des futurs titulaires du BEP en amont, ce nouvel enseignement participera ainsi à la réduction du taux de déperdition dans le système éducatif. “L’enseignement professionnel devra accueillir entre 30 à 40% des élèves admis au cycle post-obligatoire, c'est-à-dire au lycée”, précisera encore le ministre. De ce qui précède, l’on relèvera que le taux d’échec au bac classique sera réduit de moitié sinon plus, puisque la sélection des profils qui se fera en amont, balisera le chemin de la réussite. Pour séduire davantage la population scolaire ciblée, le ministre rassurera encore les futurs diplômés du BEP et du BEPS qu’ils ont auront la possibilité de poursuivre leur cursus en graduation du deuxième cycle, pour obtenir le diplôme d’ingénieur d’application, soit l’équivalent de licence ou de master.
Aussi, il rappellera que L’accès au BEPS qui sera intégré progressivement dans le système éducatif national, est également ouvert aux titulaires du DEP 1 et du DEP 2, pour la prochaine rentrée. Il importe de souligner enfin que ce nouvel enseignement qui est extrêmement important pour le développement du pays, est une autre solution au problème de l’inadéquation entre les formations proposées par le secteur et la demande formulée par la sphère économique. Pour le ministre, ce nouveau diplôme national permettra à l’enseignement professionnel d’évoluer en symbiose avec l’environnement économique et d’assurer des qualifications dont a besoin le marché national du travail.
H. Hattou
Quotidien Liberté du 21 Août 2017
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