NAÂMALa protection de l’abeille saharienne en débat
Publié le 12.07.2023 dans le Quotidien l’Expression
L’extinction de l'abeille saharienne (dite aussi l’abeille jaune) (Apis Mellifera Sahariensis) a été l’objet de journées d’étude organisées à Naâma, conjointement par la DSA (services agricoles) et la chambre locale d’agriculture.
Le coup d’envoi de ces journées a été donné lundi dernier par le premier responsable de la wilaya, M. Lounès Bouzegza, à partir de la maison de la culture Ahmed-Chami de Naâma, en présence des représentants de l’ITELV (Institut technique des élevages), et du président de la chambre d’agriculture de la wilaya d’El-Bayadh. Au programme, plusieurs activités, dont une exposition sur les produits apicoles, des interventions et des sorties des spécialistes en écologie, apiculteurs, agriculteurs, étudiants : comment plaidoyer pour l’abeille saharienne, comment la préserver, comment la sauvegarder, tels sont les principaux thèmes abordés par les conférenciers lors de ces journées. En Algérie, il existe deux sortes d’abeille, l’une tellienne (Apis mellifera intermissa) et l’abeille saharienne (Apis Mellifera Sahariensis). L’abeille saharienne est reconnue par des généticiens de réputation mondiale et la classent parmi les meilleures abeilles du monde de par ses qualités qui sont : la douceur, la prolificité, la précocité, l’aptitude extraordinaire à la récolte du nectar et du pollen et l’acclimatation facile sous des conditions climatiques difficiles. Elle se trouve dans les monts des ksour, région de Aïn-Séfra, jusqu’à Beni Ounif. La menace de la disparition de l’abeille saharienne est constatée depuis l'introduction de l'abeille tellienne noire dans la région de Aïn-Séfra, voire même dans les régions environnantes d’Errachidia au Maroc, qui dispose également de cette espèce d’abeille. En outre, cette espèce qui s'est adaptée à cet environnement hostile durant des millénaires fait face, après l'incursion de l'abeille tellienne dans son berceau d'origine, à une véritable altération génétique qui risquerait de créer des abeilles hybrides non résistantes. L’abeille saharienne peut parcourir jusqu’à 8 km à la recherche du jujubier, tandis que l’abeille tellienne ne peut parcourir que 3 km. La multiplication des reines jaunes, l'arrêt de l'introduction d'abeilles exogènes à travers des décrets ou encore la création des zones dédiées à l'élevage des abeilles et l'insémination artificielle peuvent être des solutions efficaces pour sauvegarder ce patrimoine naturel endémique de la région de Aïn-Séfra et sa région.
L’association Arc-en-Ciel de Aïn-Séfra, qui est une association écologique qui tisse de bonnes relations avec les verts à travers le monde, outre ses activités sur la biodiversité, la désertification, la préservation de la faune et la flore, a tenu plusieurs colloques et journées d’étude sur le sujet localement, tout en tirant la sonnette d’alarme sur son éventuelle disparition. La préservation du patrimoine de l’abeille saharienne est une initiative à l’effet d'assurer la pérennité de l'espèce qui est en voie d’extinction et de là, booster la production de miel dans la région d’une qualité exceptionnelle, qualitativement et quantitativement. Le produit extrait des ruches de l'abeille saharienne est de couleur marron foncé bien apprécié par les consommateurs de la région. Par ailleurs, les principales interventions ont été axées sur la lutte contre la désertification ; la sécheresse qui constitue un facteur aggravant, ainsi que diverses autres menaces, à l’exemple des invasions acridiennes, ou encore les mauvaises conditions climatiques (forte canicule et vents de sable).
Pour le professeur Abdellah Khazène, président de l’association Arc-en-Ciel de Aïn-Séfra, «nous avons déjà organisé plusieurs colloques sur le sujet, à l’adresse des apiculteurs, à l’effet de les assister et de les aider à l’élevage et la préservation de l’abeille saharienne. C’est que notre objectif est également l’aménagement et la préservation des ressources mellifères, ce qui permettra à ces producteurs de miel de multiplier leur production en quantité et en qualité, à travers des visites sur sites chez les apiculteurs».
Notons, enfin, qu’en Algérie, quand les conditions sont favorables à l'éclosion et à l'essaimage des abeilles, la production de miel peut être plus importante, soit de 80 000 à plus 120 000 tonnes de miel/an, avec une évolution significative d’année à une autre.
B. Henine
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